Nus
4 (9 x 7,5 cm), crayon sur papier, 2019   

Cette série de dessins automatiques à la fois spontanée et délicate syntonise le mouvement et l’émotion : les lignes et les courbes semblent surgir d’un dialogue secret entre le corps et l’âme guidés par un désir d’explorer le toucher, ce moment fragile où le trait caresse l’espace. Progressivement dévoilée, la forme lutte pour exister à travers le lent frémissement d'un désir suspendu ... 

Tout n’est que suggestion, un effleurement de lignes, une promesse à peine murmurée ne laissant qu’un filament fragile, une esquisse embryonnaire d’une présence à naître. 

Lentement les corps se devinent, un enchevêtrement d’êtres et de gestes semblent se superposer dans un mouvement incertain. Quelque chose d’organique émerge de cette éclosion, une palpitation charnelle traverse les compositions.

La figuration apparaît sans avoir effacé le tumulte de l’indistinct. Elle en garde les frissons, la mémoire diffuse : deux figures s'enlacent nues et vibrantes, ancrés dans l’instant encore empreintes de la gestation ardente du trait. 

13 x 15 cm, 2 (30 x 21 cm), crayon sur papier, 2020/24  

Le dessin incarne un territoire mouvant, révélant les contours d’un univers intérieur riche et insaisissable où les pulsations intérieures prennent forme, comme un souffle capturé. En transcendant la barrière entre contrôle et abandon, ces créations captivent par leur énergie vibrante et leur mystère poétique, tout en invitant à une lecture introspective.  

C’est un dialogue entre l’évanescence et la chair, entre l’abstraction et le plaisir du regard. Une sensualité subtile qui ne se donne jamais totalement mais qui insuffle à chaque image un souffle intime et brûlant.

Il y a là une sensiblité à la fois brute et aérienne, une présence fugace qui nous entraîne au-delà du visible. Des ombres effleurent la lumière​, abstraction et figuration dansent ensemble comme des empreintes d’un souffle intime comme une mélodie à peine audible.

Regarder ces dessins, c'est accepter de ressentir plus que comprendre,  de suivre le fil d’un récit qui se devine plus qu’il ne s’impose, de se laisser emporter par l’intensité d’un geste vivant, libre comme un vertige.  

Signature de l'âme
13 x 15 cm, 30 x 21 cm, 18 X 10 cm, crayon sur papier, 2020 

Tracés à l’encre du subconscient, l’âme se révèle sans fard au détour d'un trait, d'un geste presque hésitant comme une empreinte, un murmure intime silencieux .

Le premier dessin évoque une architecture brisée, un espace en construction ou en ruine dont l’énergie brute jaillit, s'entrelace et défie l’ordre du visible. Une ville intérieure, peut-être, ou un réseau nerveux palpitant d’émotions diffuses.

Le second semble plus éthéré, comme un être en ascension, désarticulé mais vibrant, traversé de forces invisibles. Un corps spirituel se dessine dans la fragilité du trait, suspendu entre dissolution et reconstruction.

Le toisième, lui, évoque une procession végétale, un élan vers le ciel. Des tiges fragiles mais résolues, animées par une force qui les dépasse. Est-ce une prière ? Un chœur silencieux adressé à l’infini ?

Chacun de ces dessins est une signature, un souffle, un instant d’abandon où l’âme s’écrit sans contrainte, laissant derrière elle la trace d’une vérité insaisissable.

Le souffle du désordre
4 (9 x 7,5 cm), crayon sur papier, 2019 

D’abord une esquisse fragile, une ligne incertaine ... Une forme cherchant son équilibre à peine posée sur le papier. C’est un premier battement, une faille dans le silence.

Puis vient l’agitation. Le trait tremble, se fend. Il s’échappe, se multiplie, se divise. Une explosion intérieure, un mouvement incontrôlable jaillit comme un cri retenu trop longtemps.

Progressivement, le chaos prend le dessus. L’enchevêtrement devient dense, indéchiffrable. Le geste s’accélère, la matière se fait compacte, presque opaque. L’œil cherche un repère, une issue, mais il ne trouve qu’un maelström de lignes entremêlées.

À la fin, il ne reste qu’un amas, un nœud serré de pensées figées dans leur propre vertige. Une matière brute, indomptée où le regard se perd et se reflète. Un souffle devenu tempête, une conscience qui bascule dans l’infini du sensible.

Natures mortes
6 (13 x9 cm), crayon sur papier, 2024   

Ces esquisses légères, presque murmurées, semblent surgir d’un entre-deux, flottant entre la forme et l’informe, la chair et le paysage. Le trait est à peine une empreinte, une respiration suspendue, capturant un frémissement d’existence.

Dans ces dessins, le corps se devine sans s’imposer, se fondant dans l’abstraction du geste. Il y a quelque chose d’intime et d’insaisissable, une sensualité fugace, une étreinte que l’œil ne peut fixer tout à fait. L’artiste trace une présence éphémère, une apparition, comme si le papier retenait encore l’écho d’un mouvement, d’une rencontre.

Les compositions évoquent une tension entre le vide et la matière, l’ombre et la lumière. Ce qui est esquissé n’est pas tant un sujet qu’une sensation, une vibration presque tactile. Le regard oscille, tente de recomposer, mais c’est dans cette hésitation même que réside la beauté de ces œuvres : une invitation à contempler l’inachevé, à écouter le silence du trait.